Le 4eme Congrès contre la peine de mort s'est terminé à Genève avec des tas d'espoirs et de bonnes volontés pour en finir avec la peine capitale. L'Union Européenne propose ainsi un moratoire sur les exécutions d'ici à 2015. La Chine ou les Etats-Unis se laisseront-ils convaincre?
Après Strasbourg (2001), Montréal (2004) et Paris (2007), ce fut au tour de Genève de recevoir jusqu'au vendredi 26 février les abolitionnistes du monde entier lors du 4e congrès contre la peine de mort.
La situation dans le monde
Si c'est déjà le cas en France depuis 1981 et la loi Badinter, l'abolition de la peine de mort est loin d'être universelle. Sur les 197 Etats membres de l'Onu, 104 ont déjà aboli la peine de mort. 35 autres pays pourvus constitutionnellement de la peine de mort ne s'en servent plus depuis plus de 10 ans. Ces deux dernières années, l'Argentine (2008), le Burundi et le Togo (2009) sont passés dans le camp abolitionniste. "Mesurez le chemin parcouru !", s'est exalté Robert Badinter à l'ouverture du Congrès mercredi dernier, où sont intervenus entre autres l’avocate iranienne et Prix Nobel de la paix 2003, Shirin Ebadi, le secrétaire général de la francophonie, Abou Diouf, et le Premier ministre espagnol, José Luis Zapatero.
La lutte pour l'abolition toujours d'actualité
C'est d'ailleurs le chef du gouvernement espagnol, qui a fait la déclaration la plus marquante de ce congrès en demandant au nom de l'Union européenne, que l'Espagne préside actuellement, un moratoire sur les exécutions d'ici à 2015 comme premier pas vers l'abolition universelle de la peine de mort. José Luis Zapatero a précisé que l'Espagne mettrait en place une "commission internationale contre la peine de mort" et tenterait de persuader les pays qui appliquent encore la peine de mort de mettre un terme à cette pratique. "Personne ne peut disposer de la vie humaine, pas même les États", a expliqué le Premier ministre espagnol. Ce n'est pas la première fois que l'Union européenne se mobilise, elle avait déjà publié en 2008 une déclaration commune contre la peine de mort, sans fixer, à l'époque, de date pour l'établissement d'un moratoire universel. La Coalition mondiale contre la peine de mort, qui regroupe une soixantaine d'ONG, a mis en marche depuis octobre 2009 une campagne de ratification du second protocole de l'Onu sur l'abolition de la peine de mort. La Coalition a convaincu à ce jour 73 Etats de ne plus rétablir la peine de mort, pas encore assez pourtant pour parvenir à une abolition universelle en droit international.
L'abolition universelle est encore loin
Malgré les études prouvant que la peine de mort n'est en aucun cas dissuasive en terme de criminalité, des nations continuent de condamner à la sentence capitale. 2.390 détenus ont ainsi été exécutés en 2008. La quasi totalité de ces exécutions ont eu lieu en Chine, Iran, Arabie Saoudite, Etats-Unis et Pakistan. Si le message abolitionniste se fait de mieux en mieux entendre, il sera en revanche difficile de convaincre ces cinq Etats rétentionnistes d'un jour oublier la loi du talion : œil pour œil, une vie pour une vie.
Une Française contre le couloir de la mort américain
Sandrine Ageorges-Skinner, militante abolitionniste française se bat contre la peine de mort proclamée contre son mari, Hank Skinner. L'Américain de 47 ans a été condamné à mort en 1995 pour un triple meurtre. La directrice de production, spécialiste des tournages de films américains en France, veut prouver l'innocence de celui qu'elle a rencontré lors d'un tournage d'un documentaire sur la peine de mort en 1996 et avec qui elle n'a jamais pu avoir un contact physique. Cela d'ailleurs fait plus de 20 mois, depuis que Hank est dans le couloir de la mort de la prison de Livingston au Texas, qu'elle n'a pas pu parler à son époux. "Porter le nom de Hank, c'est porter son combat. Et pouvoir continuer à suivre son dossier si les choses tournent mal.", expliquait-elle à l'Express. Et les choses ne se présentent pas bien pour le détenu américain dont les deux recours ont été rejetés par le tribunal. La cour d'appel du Texas a cependant reporté au 24 mars la date de son exécution, qui était originellement prévue pour le 24 février, un répit de courte durée pour Hank et sa femme. "Mort programmé, déprogrammée, reprogrammée... Pendant combien de jours, de semaines ou de mois Hank va-t-il devoir endurer cette torture?", écrit la Française sur le site du collectif Ensemble contre la peine de mort.
Voir aussi: Peine de mort : une sentence en voie d'extinction
Peine de mort: cet abominable joujou qui fait peur
Publié par
José
on
dimanche 28 février 2010
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