Des émirs et des bédouins

Ça y est. Les bons sont déjà en train de bombarder les forces khadafistes du mal. 

Il y a émir et émir. Ici Emir Kusturica, roi du ciné

Et notre complaisance cyclopéenne avec le Bédouin de la Jamahiriya a pris fin le jour même où il s'est mis le tablier de boucher pour étriper son peuple en révolte. Et après certains diront que la civilisation occidentale n'a pas le courage politique ni la puissance militaire pour défendre son système de valeurs. Au contraire – paraphrasant Dupond et Dupont – je dirais même plus, lorsque les forces alliées navales et aériennes auront rempli leur mission à Tripoli elles pourront changer de théâtre d'opérations tout en continuant à survoler le désert.

Car en effet, les chroniques racontent qu'il y a à Bahreïn des émeutes comme en Libye ; que l'Emir Al Khalifa réprime à feu et à sang les émeutes et que ses frères aînés d'Arabie Saoudite, craignant la contagion, lui ont envoyé des troupes de soutien. La première chose qu’il leur est venu à l’esprit est de déboulonner un monument sur ​​la place de la Perle, là même où se rassemblent ceux qui se sentent maltraités par le régime. Ces racontars doivent dire vrai puisque les trublions se font canarder allègrement par les forces du pacha et ses potes.

Que c'est beau Bahreïn ! Rappelez-vous, il y a sept ans, l'émir avait offert un circuit de F-1 au cheikh héritier, une passion pour les courses qu’il partage avec le chef des forces armées. Il ne s’agissait que de 150 millions d’euros de rien du tout. Et voici maintenant, les pauvres, qu’on vient leur annuler la course qui devait ouvrir dimanche dernier le championnat du monde de F-1. Tout cela à cause d’une poignée de sarrasins chiites qui se sentent opprimés ! Heureusement que – alors même que nous bombardons les méchants libyens et leurs mercenaires – au Qatar règnent les conditions nécessaires pour que le championnat du monde de motocyclisme puisse démarrer tranquillement.

Que c'est beau le Qatar, avec son émir et son émiresse qui investissent au trot – ou à tort, allez savoir – dans la Côte-d’Azur ou dans la Costa del Sol ou à la City ; le Qatar avec sa méga-base de la Vè flotte étatsunienne ; le Qatar avec son Al-Jazeera…

Il y a quelques lunes encore, les chroniqueurs racontaient que Bahreïn et le Qatar étaient les contrées les plus modernes et occidentalisées du Golfe Persique. Gloups...