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Les anciens



Ceux qui entendent la politique comme un acte de dévouement désacralisé et non pas comme un acte de racket, ont l’habitude de se laisser guider par une devise, pleine de sarcasme, selon laquelle le principal avantage d'être élu président ou ministre est d’être traité le reste de leur vie comme ex-président ou ex-ministre.  

D’ailleurs, dans de nombreux cas, la courtoisie bon enfant veut aborder ces anciens avec le titre de la position occupée antérieurement, comme si elle était à vie.
Lorsque les citoyens se rendent aux urnes avec l'esprit vengeur, il arrive souvent  que de nombreux politiciens soient obligés de rentrer chez eux. Et l'absence de pouvoir, avec l'obsession conspiratrice qui l'accompagne, produit chez certains un vide à l'estomac, une sensation de brûlure, qu’aucun Maalox ou bicarbonate de sodium pourraient atténuer.
Ceux qui n’ont jamais imaginé de tomber de si haut, devraient être drôlement contents. Le problème se présente pour ceux qui croyaient être parvenus à atteindre le  limbe institutionnel éternel, ceux dont les dents de lait sont tombées au cours de leur vie partisane et qui ne savent rien faire d’autre hors de la politique.
Pour eux, le déménagement risque d’être cruel à moins de se réengager dans la masse salariale publique. Seuls la thanatopraxie ou le maquillage funéraire sont en mesure de leur restituer un semblant  de couleur qui leur rappelle la vie à l'air libre.
Ça doit être dur que le mobile s’arrête de vibrer comme un fou, que plus personne ne rit vos grâces, que la ruse présumée d’antan soit aujourd’hui considérée comme un simple non-sens. C’est peut-être pour cette raison, et pour atténuer des conséquences indésirables, qu’il vaut mieux laisser les choses telles quelles. Malgré plus d'une centaine de députés débutants, les constantes vitales de la politique restent les mêmes dans le nouveau Parlement européen : six parlementaires sur dix n’ont jamais travaillé dans le secteur privé, huit sur dix proviennent d’autres fonctions publiques et un sur quatre est un fonctionnaire de carrière.
Et c’est ainsi que le jeune Mickey Barroso (58 ans) laissera sa place de président du Conseil au débutant Jean-Claude Juncker qui fêtera bientôt ses 60 ans… et que le jeune Le Pen renouvelle son mandat à 86 ans.

Bonjour, l'ambiance.


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