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Les oubliés du Nobel

Quel prix Nobel avait trouvé et établi les principes de la physique quantique - qui avait établi la version moderne du Big Bang - qui avait suggéré que les étoiles brillent par des réactions thermonucléaires et qui avait découvert le concept de code génétique? Aucun prix Nobel. Et pourtant ce scientifique a bien existé – il s'appelait George Gamow – mais n'a pas reçu de prix. Ni de physique, ni de médecine. Dmitri Mendeleïev – dont la Table périodique décore toutes les écoles du monde mondial – ne l'a pas mérité non plus. Et, pour beaucoup de great minds Albert Einstein aurait dû recevoir au moins 2, voir 3, prix nobel de physique. Et que dire de Thomas Edisson? Cet inventeur génial, sorte de Léonard da Vinci du XXè siècle? Il fut tout simplement ignoré par les sages du comité d'Oslo.

La liste des oubliés est longue. Très longue.

Hors des sciences c'est pire encore. Le pacifiste le plus célèbre du XXe siècle, le Mahatma Gandhi, n'a pas reçu le prix Nobel – contrairement à Henry Kissinger et Yassir Arafat. Et celui de littérature a dû ajuster assurément l’objectif pour éviter de trébucher sur Léon Tolstoï, Anton Tchekhov, Franz Kafka, Marcel Proust, James Joyce, Henry James, Vladimir Nabokov, Graham Greene et Jorge Luis Borges, pour ne citer que les morts.

Alfred Nobel, l’inventeur des prix du même nom – et de la dynamite – avait précisé dans son testament que le Prix de littérature devait être décerné à des écrivains de «tendance idéaliste ». Le comité avait pris l'expression très au sérieux les premiers temps, et l'avait invoquée pour rejeter les candidatures de Tolstoï, Twain, Ibsen et Zola. Une fois que le comité avait fini par relâcher la règle ils étaient tous morts.

Karel Capek, le grand écrivain tchèque de la première moitié du vingtième siècle – qui avait le premier parlé du concept de « robot » – soulevait les doutes du Comité Nobel pour ses œuvres antinazies des années trente. Pour les académiciens elles semblaient par trop insultantes pour le gouvernement allemand. Le Comité a alors voulu donner une chance à Capek, dont le mérite littéraire n'était plus à refaire, et l'invita à lui soumettre une œuvre moins controversée. « Merci pour l'intention – rétorqua Capek – mais j'ai déjà écrit ma thèse doctorale. » Pas de chance, il n'obtint pas le prix, bien sûr.

Le cas de l'année 1974 en littérature n'est pas représentatif en soi, mais il n'est pas moins inévitable pour autant. Vladimir Nabokov, Graham Greene et Saul Bellow ont été rejetés cette année là, au bénéfice d'un nommé Eyvind Johnson (pour "Retour à Ithaque") et d'un certain Harry Martinson (pour "Orties en fleur"), deux écrivains bien connus en Suède, entre autres, pour être à l'époque membres de l'Académie suédoise – mais ailleurs, inconnus au bataillon!

Le Prix Nobel demeure cependant la plus prestigieuse des récompenses qu'un intellectuel puisse recevoir. Son prestige ne vient pas de la tradition – pourquoi devrions-nous respecter une tradition suédoise? – mais de son mécanisme de sélection exhaustif. Les prix que nous avons connus cette semaine sont le résultat d'une année de recherche sur les candidats.

Cela dit, on ne sait pas combien de temps les prix Nobel pourront continuer à agir de la sorte. Les mathématiciens et les paléontologues se plaignent depuis longtemps qu'il n'ya pas de Nobel pour leurs disciplines –et la liste des lésés peut bientôt prendre des allures insoupçonnables. Parce qu'il n'y a pas non plus de Nobel d'informatique, ni des nouveaux matériaux ni de nanotechnologie ni de météo.

Ni de cinéma – que le Comité aurait pu accorder à Ingmar Bergman, sans craindre le ridicule.
Tiens, en parlant de ridicule, rappelez-vous d'Ingrid Betancourt il y a un an, elle se voyait déjà Prix Nobel de la Paix.

2 commentaires :

Anonyme a dit…

Si Gandhi n'a pas reçu le Nobel de la paix ... alors par la même règle, il est compréhensible qu'on le decerne à Obama ... Celui de la recherche doit revenir à Himmler et le nobel d'économie à Madof. La physique devrait tomber sur Paris Hilton et la littérature sur l'apôtre Paul. Et pour moi, celui de l'ironie, merci merci
Iznogoud

Anonyme a dit…

et pourquoi pas accorder le prix nobel de la paix à Jésus-Christ?
et puis qu'Einstein puisse mériter le prix pour la théorie de la relativite me parait relatif

KO

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