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La canonisation impossible d'Albert Camus

Camus, le philosophe libertaire incorrect. L’intellectuel engagé qui – le premier – s’opposa aux délires pro totalitaires des progressistes de l’époque. L’homme qui dénonça l’utilisation du terrorisme comme moyen pour défendre une cause nationale. L’intellectuel diabolisé par ceux-là même qui se considéraient progressistes, parce que la conscience critique de Camus les avait atteints en les blessant dans leurs convictions.

Tandis que les Sartre, Glucksmann (1) et autres maoïstes normaliens de la Gauche prolétarienne bavaient devant Pol Pot depuis les tribunes de mai 68 à la Sorbonne, Albert Camus tenait tête devant ceux qui prônaient le largage de bombes dans les bars d’Alger. Alors que certains défendaient la bonté des dictatures communistes, Camus soulevait le drapeau de la liberté, un drapeau confronté à tous : aux fascistes de droite et… aux toujours invisibles et tolérés fascistes de gauche.


À beaucoup d’égards, Albert Camus est peut-être, l’ultime référent de la gauche, celle de l’être responsable parce que conscient.

Camus et la conscience. La conscience de la raison face aux excès et au fanatisme, la tolérance face à la haine, la culture de la vie face au culte de la mort. La conscience de notre responsabilité à l’égard de la liberté, car:
« Malgré les illusions rationalistes et même marxistes, toute l’histoire du monde est l’histoire de la liberté ». (2)
Même aujourd’hui et surtout aujourd’hui. Car en fait nous n’avons pas beaucoup évolué : à l’époque déjà, des intellectuels de renom qui parlaient de liberté depuis toutes sortes de tribunes, n’hésitaient pas à prendre la défense des Ceaucescu. Ses héritiers d'aujourd'hui sont présents dans le tapage du prévisible, mais absents des causes qui ruinent les droits de l'homme dans le monde.

Camus était un homme engagé, brillant et honnête. C’est pour cela même que la gauche intolérante d’aujourd’hui l’expulserait encore une fois du paradis, comme elle l’avait fait déjà par le passé – quitte à venir pleurer sur sa tombe.

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(1) Glucksmann, comme tant d’autres, a trahi. Voir l’analyse brillante de Jean Birnbaum dans « Les Maoccidents, Un néo-conservatisme à la française », Editions Stock.

(2) Albert Camus,Carnets II, 1945.

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