
Les manifestations de l'opposition interne sont présentées comme une répugnante mise en scène orchestrée par les États-Unis, Israël, Grande-Bretagne et l'Occident. Des dissidents sont jugés en première instance dans des macro-tribunaux des pires accusations criminelles, d'attenter contre la sécurité nationale ou d’avoir des liens avec des groupes contre-révolutionnaires. Bref, une bande de mercenaires et d'agents à la solde de l’étranger.
Curieusement, la carte de présentation pour de nombreux opposants correspond à la plus pure orthodoxie chiite. Sans aller bien loin, c’est le cas du malheureux leader réformiste d'aujourd'hui, Mir Hossein Musavi, qui a fait face à l’actuel président Mahmoud Ahmadinejad lors des élections truquées de Juin dernier. On pourrait en dire autant des ses anciens alliés du clergé, y compris celui récemment décédé, le grand ayatollah Ali Montazeri. Tous étaient des instigateurs de la révolution islamique de 1979 et des collaborateurs proches de l'imam Khomeiny. Tant et si bien que l’aujourd’hui martyr Musavi était premier ministre entre 1981 et 1989, cette même décennie de la terreur pendant laquelle la laïcité militante et la gauche communiste – qui avaient combattu le Shah et permis le retour de Khomeiny – ont été littéralement anéanties par l’allègre utilisation de la pendaison massive comme moyen d’asepsie publique.
Les luttes intestines dans les régimes qui se considèrent eux-mêmes sacrés partagent bien de misères. Certaines des accusations qui sont lancées aujourd'hui à Téhéran sont calquées de celles entendues lors des purges staliniennes à Moscou entre 1936 et 1938. De vieux bolcheviks qui avaient dirigé la révolution soviétique aux côtés de Lénine avaient alors été accusés d'être des traîtres, des espions à la solde de l'Allemagne, des monstres infâmes issus d'un renard croisé d'un porc. Tel quel.
Rien de nouveau sous le soleil. Aujourd’hui c’est un minaret qui jette de l'ombre, hier ce fut le palais du Kremlin.
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