L'Amérique n'a rien compris à la crise
Publié par
José
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mardi 9 mars 2010
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Je vais continuer dans le droit fil de l'indignation sur la non approbation de la super taxe en poussant un énorme coup de gueule sur le nouveau plan américain de supervision bancaire. C’est à qui saluerait avec le plus d’emphase, cette véritable révolution, en matière de régulation proposée par Timothy Geithner, le secrétaire d’État au Trésors. Si l’on regarde d’un peu plus près, cet enthousiasme collectif a de quoi surprendre. Certes, les pouvoirs de la FED ont été renforcés, sous réserve de l’accord du Congrès, ce qui n’est pas complètement négligeable. Certes, va être créée une Agence de protection des consommateurs, ce n’est pas trop tôt, comme on dit. Mais sur le fond, on a un peu l’impression que l’administration américaine, fait sienne la devise de Lampedusa dans le Guépard, « Il faut que tout change pour que tout reste identique », car dans un pays où les marchés dérivés sont encore supervisés par le ministère de l’agriculture, le grand ménage pourtant appelé de ses vœux par Barak Obama pendant sa campagne électorale risque d’attendre encore quelques mois, voire quelques décennies. L’idée d’un superviseur unique a été définitivement abandonnée, l’adoption de la règle selon laquelle une même supervision doit s’appliquer à toutes les institutions financières qui prennent les mêmes risques a été mise au placard. On peut se poser la question, est-ce que cette réforme n’est pas la énième manifestation, depuis le début de la crise, de la volonté des pays anglo-saxons, États-Unis mais aussi Angleterre, de s’exonérer de toute nouvelle réglementation susceptible de mettre en péril leur imperium financier ? Les exemples abondent, qui me permettent de conforter cette thèse. Les États-Unis se sont protégés, car il s’agit bien de protectionnisme, des méfaits des règles comptables et des règles prudentielles que l’Europe continue à appliquer avec une rigueur qui confine au mysticisme. De même, rien n’a été fait concernant les agences de notations. Je rappelle que les agences de notation sont, pour l’ensemble du marché mondial, au deux tiers américaines. De même, en matière de contrôle des compagnies d’assurance, rien n’a été fait alors que la quasi faillite d’AIG peut être considérée comme un pur produit des carences réglementaires américaines. Ce qui est vrai aux États-Unis, est vrai aussi en Angleterre. La FSC, qui est l’équivalent de l’autorité des marchés financiers en Angleterre n’a pour le moment fait aucune proposition de réforme construite. De même, l’Angleterre reste un immense paradis fiscal. Pendant ce temps-là, la Commission européenne et les gouvernements de l’Europe continentale n’écoutant que leur courage ont continué à dicter des règles toujours plus contraignantes et dans biens des cas toujours aussi inadaptées à la gestion de cette crise d’une ampleur sans précédent. Je pense qu’il faut vraiment se poser la question : est-ce qu’on n’a pas un monde anglo-saxon qui a décidé de ne pas réformer et un monde européen, d’Europe continentale, qui est saisi par la débauche à essayer de réformer, contrôler, superviser au risque d’affaiblir l’industrie financière de cette partie du monde.
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