L'euroscepticisme : plus qu’un
phénomène britannique.
1. Ne faites pas semblant d'être sceptique au sens strict du terme.
Vous détestez l'UE, vous êtes donc un sceptique. Ne remettez pas en cause cette
logique. Le mot « sceptique » sonne bien parce que cela montre que
vous pouvez réfléchir.
2. Ne perdez pas votre temps à vérifier les faits, ils ruinent souvent
l'argumentaire. Personne ne se pose des questions de suivi ou du bien fondé. Le «l'UE c’est ennuyeux » est un argument de poids connu de tous, mettez le à profit car il n'est pas besoin de savoir grand chose
sur l'UE.
3. Demandez un référendum sur l'UE à chaque fois que cela est possible –parce que
vous savez que sa mise en place va embarrasser tout le monde. D’ailleurs, si
vous êtes un politicien vous savez que cela va facilement se traduire par une
couverture de presse. Vous n'avez pas vraiment besoin de savoir pourquoi vous
voulez un référendum (en gros vous le voulez parce que vous savez que c'est la
seule possibilité de vous faire entendre en pleine canicule estivale quand les
journaleux manquent de gros titres). Il suffit d’en demander un, après tout,
c'est démocratique.
3. Écoutez les déclarations de Jean-Luc Mélenchon, de Marine Le Pen, de Nicolas
Dupont-Aignan, de Jean-Pierre Chevènement ou encore des personnalités comme
Charles Pasqua. Sans oublier les moujiks de la FNSEA. Ils ont tous une excellente connaissance
des affaires européennes –tout ce que vous voulez et devez savoir se trouve dans les
petites phrases et dans les grandes déclarations de ces augustes personnages.
Si vous êtes un eurosceptique « hard » et inconditionnel vous pouvez
également trouver des articles agréables dans le Daily Mail, l’Alternative für
Deutschland et d’autres tabloïds de qualité qui vous permettront de réaffirmer cette
approche de la politique pleine de « bon sens ». N'oubliez pas: les médias sont
nos amis.
4. Une phrase utile: « J'aime l'Europe, mais je déteste l'UE »
5. Se plaindre de la « paperasserie ». Ne pas prendre la peine de
vérifier ce genre de «paperasserie» ou pourquoi elle existe réellement.
Toute régulation est mauvaise. Utilisez donc le terme « règlementation » au lieu
de « règle ». Les « réglementations
imposées par Bruxelles » –un argument d'autorité par excellence– sont toujours une mauvaise chose.
6. Il est essentiel que vous méprisiez l’art du compromis. L'art du consensus a contrario fait plus moderne.
7. L'immigration est un problème et c'est là « la vérité, toute la
vérité et rien que la vérité. »
8. Vous pouvez vérifier avec votre parti politique affectionné, ce qui relève
d’un comportement acceptable. Le FN semble avoir une approche libérale –vous
pouvez vous en sortir avec toutes sortes de déclarations parce que Marine est
toujours capable de dire une chose et son contraire. Si vous êtes un
conservateur bon teint ou un membre du Front de gauche vous voudrez peut-être cacher
vos sentiments anti-européens à travers certaines revendications incohérentes
sur la nécessité de tenir un référendum ou encore dire que la France a besoin d’une
autre Europe –sans préciser toutefois pourquoi l'Europe actuelle serait immangeable. Ne
vous inquiétez pas, personne ne vous posera des questions.
9. Si vous n'êtes pas un politicien, vous pouvez toujours devenir un
troll du commentaire eurosceptique. Tous les grands journaux laissent une place
aux commentaires des lecteurs. Utilisez-la! Ne faites pas l'erreur de lire réellement
l'article. Préparez une sélection de phrases eurosceptiques et laissez tomber votre
commentaire en-dessous de l’article. (Soyez créatif : empruntez des clichés sur
la perfide Albion, la guerre de 40, la politique de la chaise vide; n’oubliez
pas de mentionner les juges anti-démocratiques de Strasbourg, la paperasserie de
Bruxelles … les possibilités sont infinies.)
10. Vous pouvez élargir votre spectre politique en devenant anti-changement
climatique, anti-homo, pro-vie, anti-politique, anti-syndical, anti tout.
11. Faites semblant d'être un libertaire libéral. Pour ce faire, vous devez
adapter votre langage (« Bruxelles
est une bonne planque bureaucratique. ») Utilisez ce type d’arguments
aussi souvent que possible Ça sonne bien, n'est-ce pas…
12. Et n’oubliez pas : la crainte est avec vous. La peur des
immigrés, la peur des étrangers, la peur de perdre la souveraineté, la peur de
l'Europe, la peur de la supranationalité à venir sont des arguments très convaincants.
Cela demandera un peu de pratique mais vous y arriverez.
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