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Les mythes ont la vie dure

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La
Sarkouverture ou le savoir-faire d'un président singulier.

La bête de la « Sarkouverture » a faim. Elle demande à intervalles réguliers d'être alimentée par quelques pelletées de charbon socialiste parce qu'au bout d'un moment, quand les Besson et autres Bockel sont plus UMP qu'une section tout entière de l'UMP du XVIe arrondissement de Paris, l'effet s'estompe. Forcément.
Mais la bête « Sarkouverture » ne mange pas n'importe quoi. Il faut que le fruit soit mûr. Un candidat un peu vert ou désespérément oisif, un crouton en mal d'égo, de préférence dans les bancs du PS, qu'il soit assez désespéré par l'inertie de son parti, mais pas assez écœuré par les luttes intestines du PS, encore un peu jeune pour être angoissé par l'horloge biologique qui tourne au-dessus des hommes politiques (la pendule de Jacques Brel, « qui dit oui, qui dit non »). Ou alors lorsque la pendule biologique du président s'arrête sur vous parce qu'il vous considère des allures d'un phare de la pensée (Kouchner 70 ans, Lang 70, Allègre 72).
Ces personnages sont utiles pour la machine de guerre du capitalisme d'Etat Cet euphémisme très en bouche chez nos journalistes, qui n'est autre que le cache-sexe des ambitions colbertistes des élites bien pensantes de cette république bonapartiste. Ah l'interventionnisme d’Etat, cette obsession bien française tant prisée par la droite comme par la gauche.
Mais la vraie mission de la bête « Sarkouverture », outre d'accentuer la déprime du PS en alimentant l'impression de fuites de cerveaux, c'est d'animer le débat médiatique des coups d'éclat du président, d'occuper le terrain avec des annonces iconoclastes, censées briser les tabous et faire parler les journalistes. Le comble de la vanité.
Tout cela permet aux élites (rappelons que ce sont les 50-70 ans) d'occuper le terrain et d'écarter en permanence l'avènement de nouvelles recrues, plus jeunes (les 30-45 ans), aux fins de renouvellement de la caste. Des jeunes soit de plus en plus démotivés parce qu'écartés, ou bien extrêmement mobilisés et tournant autour des opportunismes antisystème (très dans l’air du temps). Attention le bouillon est servi pour les extrêmes (notamment les FN et NPA, qu’on se le dise).
Que dire de la mauvaise opinion qu'ont de la jeunesse pas mal de gens de la génération du baby-boom, celle qui est au pouvoir ou aux portes de la retraite –celle qui aura été bénie des dieux, mais vorace, elle aura passé entre les guerres, grandi en pleine croissance économique, emprunté en période de grande inflation, découvert l'amour en pleine libération sexuelle avant le SIDA, profité de l'arrivée massive du confort moderne (que chante Boris Vian dans « La complainte du progrès ») et surtout, cette génération gâtée arrive à l'âge de la retraite à l'heure où il y a encore de bonnes retraites. Pour la première fois, ce sont les enfants qui seraient en droit de se retourner vers leurs parents pour leur montrer l'état de la planète et les méfaits de leurs ascendants et puis, pour leur dire « de mon temps –en parlant au future– je n'aurai certainement pas toutes les facilités dont tu as bénéficié ».
Car l'âge mûr a peur de la jeunesse. Comme les bourgeois avaient peur de la plèbe des faubourgs, cette peur se traduit par une mise à distance –on le voit bien dans le monde du travail avec le chômage des jeunes, dans la volonté de substituer le juge des enfants par une justice des mineurs, comme si l'enfance ou l'adolescence étaient un statut administratif à surveiller, plus qu'une période de fragilité à protéger.
Devant les débordements de la jeunesse on ne dit plus « il faut que jeunesse se passe », on n'a plus ce regard bienveillant et nostalgique parce que la peur domine et les images sont crues, la réalité comme le rappellent les événements récurrents des violences en banlieue ou dans les écoles.
Il faut revoir le film d'Yves Robert, La guerre des boutons, tourné en 1961: deux bandes de gamins de deux villages se battent, se harcèlent, on les voit fumer, boire de l'alcool, fouetter leurs prisonniers de la bande adverse. Lebrac, le héros est un chef de bande rebelle et Bertrand Rothé (*), enseignant à Sarcelles, s'est penché sur La guerre des boutons et il en a tiré un roman dans lequel il extrapole tous les petits délits, les petites bagarres, les dépravations vus dans le film. Il les transpose à notre époque, juste pour voir, et c'est instructif, la machine répressive, ses fichiers, ses contrôles, auraient conduit en 2009, aujourd'hui, Lebrac en détention avant sa majorité.
(*) «Lebrac, trois mois de prison», Bertrand Rothé. Editions du Seuil
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3 commentaires :

Anonyme a dit…

Nous avons un président qui fait honte à notre pays par une tendance incontrôlable à rassasier ce que nous avons de plus pervers en nous - l’orgueil et le rejet de l’autre - et à gommer tout ce que nous avons encore en nous - la capacité à tisser un vrai contrat social, la fraternité et le désir de liberté.
Nous avons une opposition de gauche brisée et anémiée qui préfère la politique spectacle aux enjeux de société, spécialiste de la ligne invisible où les mots socialisme, libéralisme et le reste cohabitent ensemble dans une ambiance de promiscuité intellectuelle où tout se vaut, où tous les coups sont permis; pourvu de rester en vie.
Et le pire, avec le temps, cette classe perd de plus en plus sa légèreté. « Aller de l’avant » pour aller où ? en plein brouillard ?
En tout cas j'attends avec impatience la suite de vos mythes.
Christine

José a dit…

Excusez-moi Christine mais, sans vouloir vous vexer, votre commentaire me rappelle le catéchisme, concrètement l'Apocalypse de Jean.
Allez, du tonus, que diable, remontez ce moral, Sarko a aussi du bon, il est en train de mettre à pied Chirac dans les gignols!

Anonyme a dit…

Jack Lang, "l'éternel" ministre de la Culture, a déjà fait savoir qu'il aimerait bien un maroquin ministériel.
Dans une interview accordée au Parisien à l'automne 2007, il indiquait clairement ses intentions: "Je dois reconnaître que Nicolas Sarkozy a réalisé un travail d'ouverture sans précédent (...) Je ne suis jamais l'ennemi d'une participation à une oeuvre d'intérêt général. S'il y a un sujet qui touche à mes compétences (...) je peux rendre service. Je n'ai aucune raison de dire non si cela est fait dans ces conditions de transparence".
Si ce n'est pas un appel du pied, cela y ressemble fortement...
Lisa

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