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Revers de fortune pour le super pickpocket Ben Ali

Alors que le président tunisien déchu Zine El Abidine Ben Ali est en fuite, le peuple découvre l'étendue de sa fortune colossale. Des villas sur la Côte d'Azur aux lingots d'or, tout y passe. La deuxième femme de l'ancien dirigeant en aurait profité pour enrichir toute sa famille. Curieuse attitude pour un couple qui n'avait rien au départ

L'hilarant col. Kadhafi, roi du "On-ne-sait-trop-où"
et le larron enchanteur de Tunis
Il y a 23 ans, lorsque le père Ben Ali briguait le pouvoir tunisien des mains de son prédécesseur Habib Bourguiba, en le faisant passer pour sénile, il ne possédait rien. Aujourd'hui sa fortune paraît inestimable, bien que selon Forbes elle s'élèverait « déjà » à l'équivalent de quelque 5 milliards d'euros. Dès son arrivée au pouvoir, Ben Ali a, en réalité, tout mis en œuvre pour réussir à contrôler la majeure partie de l'économie tunisienne.

Une politique économique dans son intérêt
Le 7 novembre 1987, Ben Ali arrive donc officiellement au pouvoir. Ni une ni deux, il lance une vaste politique de privatisation qui ne saurait le desservir. Il s'y emploie notamment dans des domaines tels que le tourisme, l'électrotechnique ou encore l'agroalimentaire. Mais comme l'a expliqué Antoine Sfeir, directeur des cahiers de l'Orient sur BFM: « Toutes les sociétés privées étaient victimes de la corruption de Ben Ali: il rentrait dans une société, il demandait à voir le patron. Il lui disait : 'le notaire va vous appeler, nous sommes à 50/50 désormais'. C'est tout, ça suffisait ». De grandes entreprises comme Mac Donald’s ou Auchan refuseront de s'implanter en Tunisie à cause de l'existence de ces partenariats plus que douteux. Le père Ben Ali, s'enrichit donc en prenant part, peu à peu, à tous les pans importants de l'économie. Il posséderait aujourd'hui plusieurs compagnies aériennes, des banques privées, des hôtels particuliers en Argentine ou au Brésil et même à Paris ou sur la Côte d'Azur. Mais son enrichissement ne serait rien s'il n'avait pas rencontré sa deuxième femme aujourd'hui surnommée « la régente ».

La régente
Celle qui se serait enfuie de Tunisie avant les autres membres de la famille, emportant avec elle 1,5 tonne de lingots d'or, tiendrait à elle seule les ficelles du clan Ben Ali. A la base, Leïla Trabelsi est issue du peuple: son père est marchand de fruits secs et sa mère femme au foyer. Après ses débuts dans la coiffure, la sulfureuse Leïla construira sa destinée au gré des rencontres masculines qu'elle fera. Si l'on ignore comment elle a rencontré Ben Ali, on sait que dès 1984 elle devient sa maîtresse. Lui, divorcera de sa première femme en 1988 pour épouser Leïla en 1992. A partir de ce moment-là, elle fait mettre à la porte tous les proches de celle qui la précédait et commence peu à peu à introduire ses proches dans l'économie tunisienne.

Le clan
C'est que notre Leïla a une grande famille: pas moins de dix frères! Qu'importe, chacun aura sa place au soleil. Ainsi, après s'être débarrassée du frère de son président de mari, « la régente » introduit doucement mais sûrement sa famille. La smala Trabelsi, qui ne possédait rien, s'enrichit tranquillement. Frères, enfants, nièces, neveux et gendres possèdent tous un hôtel, une chaîne de distribution ou même une compagnie aérienne. De cette façon, l'aîné de la maisonnée, Belhassen, possède Karthago Airlines, une société de télécoms, une autre de tourisme, des médias et bien d'autres encore. Son gendre, Sakhr el-Materi a reçu en cadeau de mariage la société Ennakl, un distributeur automobile. « Pas un secteur qui ne leur échappe ; pas une transaction avec un groupe étranger dont ils ne sont parties prenantes ; pas un beau terrain, ou presque, sur lequel ils n'ont des vues. Et personne, dans le clan, n'est oublié ». (1)
Actuellement, le clan Ben Ali/Trabelsi vit quelque peu dans la clandestinité entre Arabie Saoudite et l'on ne sait trop où. Néanmoins, la France a assuré avoir pris « les dispositions nécessaires » pour bloquer d'éventuels « mouvements financiers suspects concernant des avoirs tunisiens en France ». Deux ONG, Transparency International et Sherpa vont porter plainte pour corruption. Pour autant, un journaliste tunisien interrogé par Europe 1 aurait affirmé que Leïla Ben Ali – aujourd'hui haïe par tous les Tunisiens – aurait transféré la quasi-totalité de sa fortune à Mohammed, son fils de 5 ans. De quoi démarrer une belle carrière de larron et poursuivre ainsi le chemin  tracé par ses progéniteurs.
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(1) Nicolas Beau et Catherine Graciet, La régente de Carthage, main basse sur la Tunisie.

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