Cela a débuté en Tunisie, où le départ du dictateur Ben Ali, le 15 Janvier, a eu l'effet domino escompté et la révolution s'est déjà propagée au Yémen et en Égypte. Ce weekend, dans ce dernier pays et bravant le couvre-feu, il y avait des animations de rue, et une participation pas vues depuis que leurs ancêtres avaient construit la pyramide de Khéops (et à ce moment-là, il faut le reconnaître, la mobilisation n'était pas précisément spontanée.)
Les apparences sont parfois trompeuses, car si toute l'Afrique du Nord paraît se soulever, seules les populations soutenues par l'armée combattront les gouvernements autoritaires. A court terme l'Egypte semble pouvoir y parvenir.
Pour mettre un peu le lecteur dans le contexte il faut dire que l'Égypte est une des économies les plus dynamiques d’Afrique, mais traîne derrière elle les mêmes tares que d’autres pays de la ligue D3 (du tiers monde) tout comme pas mal d’autres en Champions (la Grèce, l’Espagne) mais bientôt en D2. Leurs griefs ne sont étrangers aux nôtres: chômage, l'inflation, corruption, salaires minimum trop minimes ... à la différence près que le satrape présidentissime Moubarak, sur le déclin mais fier comme un pharaon, est assis sur le trône du Caire depuis 30 ans sans donner l’impression de vouloir bouger les fesses – sous prétexte que la confrérie des Frères musulmans vienne lui piquer la place.
Eh bien, disons qu’en Egypte la plus grande préoccupation des gens n'est pas un projet de loi qui viserait à fermer les sites web où un quidam télécharge des films à la tonne. Non, les Égyptiens se trouvent dans cette étroite marge de mécontentement qui se situe entre la conformité heureuse et l’anéantissement moral. Une marge qui peut déclencher une révolution et faire même qu’elle réussisse.
Et c'est ainsi que les gouvernements africains, et nous témoins lointains, on s’est fait prendre la culotte baissée. Avec ou sans réseaux sociaux, avec ou sans al-Jazira, les Égyptiens ont eu besoin tout de même de descendre dans la rue pour protester, et pas que pour quatre bricoles. Ils ont mis Le Caire sens dessus dessous – avec l’aide généreuse d’une police prétorienne qui a bastonné comme il faut : l'ONU craint jusqu'à 300 morts. Moubarak doit commencer à craindre pour sa réélection / réaffirmation.
Peut-être si le gouvernement, lors du début des émeutes n’avait pas coupé le robinet dl'Internet certains manifestants seraient restés chez eux. Mais n'ayant pas d'Internet, que pouvaient-ils faire? Eh bien, mettre les pieds dans le plat et foutre le bordel.
Le gouvernement français ne commettra pas une erreur pareille. Internet est sacré et les rues sont sûres, n'est-ce pas?
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